Droit d’entrée
Les scientifiques lancent le débat sur l'avenir de la recherche

LE MONDE | 01.07.03 | 13h07

L'emploi des jeunes, première préoccupation du Comité national de la recherche scientifique.
"Nous ne nous situons pas dans une logique d'affrontement, mais de proposition." Le Comité national de la recherche scientifique, instance d'évaluation des chercheurs et des laboratoires du CNRS dont la majorité des membres sont élus par leurs pairs - ce qui lui vaut d'être considéré comme le "parlement de la science" -, se réunissait en séance plénière lundi 30 juin à Paris. Avec la volonté des 600 participants présents à ces états généraux de la recherche d'apparaître comme "une force constructive". "Nous sommes ici pour donner des perspectives et un avenir à la recherche, a souligné Jean Pailhous, président de la Conférence des présidents de section. Un pays qui n'affiche pas d'ambition scientifique est un pays qui se condamne."

Le ton tranchait avec celui de la dernière session extraordinaire du Comité national. C'était en décembre 1998 et Claude Allègre cristallisait tous les mécontentements. La ministre actuelle, Claudie Haigneré, affiche au contraire son souhait d'associer les représentants des milieux scientifiques à une réflexion sur "l'avenir de la recherche française". Celle-ci devrait se traduire, fin 2003, par un Livre blanc et une éventuelle loi d'orientation. "La communauté scientifique n'est pas seule à décider des affaires de la science, mais elle veut intervenir collectivement et démocratiquement dans le débat", insiste Jean Palhous.

Difficile pourtant de faire preuve de sérénité quand la recherche publique traverse une crise financière aiguë. "Les organismes ne pourront pas continuer longtemps à vivre en apnée. Ils peuvent peut-être tenir une année, pas deux", prévient un porte-parole du Comité national. Le conseil d'administration du CNRS vient ainsi d'exprimer "ses très fortes inquiétudes" devant l'état des finances du premier établissement de recherche français, auquel l'Etat n'a toujours pas versé ses subventions des 3e et 4e trimestres... 2002.

Difficile encore de débattre sereinement quand des menaces pèsent sur le recrutement des jeunes chercheurs. L'option extrême défendue par Bercy en ouverture de la discussion du budget 2004, soit "zéro recrutement de chercheur fonctionnaire", sera sans doute assouplie. Mais, avertit Patrick Monfort, coordonnateur des secrétaires scientifiques du Comité national, il ne suffira pas de remonter un peu le curseur pour régler le problème de l'emploi scientifique : "Il ne s'agit pas de récupérer 200 ou 300 postes en se disant que cela vaut mieux que rien, mais d'améliorer le sort fait aux jeunes chercheurs. Sinon, nous courons à la catastrophe."


"OFFENSIVE IDÉOLOGIQUE"

C'est parce que cette question est jugée "la plus préoccupante" que lui était consacré le premier d'un ensemble d'ateliers portant aussi sur le système de recherche français, l'évaluation, la valorisation, l'Europe ou l'interdisciplinarité. S'agissant de l'emploi, l'orientation du ministère, tendant à développer les postes sur contrat au détriment des postes permanents, est vivement critiquée. "La précarité n'est pas synonyme de qualité. Loin de dynamiser la recherche, elle ne peut que la déstabiliser", ont estimé la plupart des intervenants.

Beaucoup ont éprouvé la nécessité de contrer "l'offensive idéologique" menée contre la recherche hexagonale et ses "contre-performances". "La France tient son rang en recherche fondamentale, observe Jean Pailhous. Si l'on considère le ratio entre dépenses de recherche et publications scientifiques, son "rendement" est même très satisfaisant."

Si la communauté scientifique est donc prête à réfléchir "sans tabou" sur l'organisation de la recherche et sur son évolution, elle rejette à l'avance des réformes qui seraient dictées par des "choix idéologiques", ou par les seules contraintes financières. A cet égard, Claudie Haigneré espère obtenir un traitement de faveur dans les prochains arbitrages budgétaires (Le Monde du 1er juillet). D'autres voix plaident dans le même sens. Plusieurs sociétés savantes de physique, biologie, chimie et mathématiques viennent d'adresser au président de la République une lettre ouverte. Estimant que "la recherche fondamentale française est en danger", ils exhortent l'Etat à lui "insuffler un élan indispensable".


Pierre Le Hir

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 02.07.03


Actualités   


Warning: main(http://droit.dentree.free.fr/hopactualites.php) [function.main]: failed to open stream: Network is unreachable in /mnt/100/sda/3/1/droit.dentree/hopbas.php on line 35

Warning: main() [function.include]: Failed opening 'http://droit.dentree.free.fr/hopactualites.php' for inclusion (include_path='/mnt/100/sda/3/1/droit.dentree/include:.:/usr/php4/lib/php') in /mnt/100/sda/3/1/droit.dentree/hopbas.php on line 35
[Webmestre]

[Fil rss]

[V. 0.7]
Droit d'entrée
Une association de défense des doctorants en sciences humaines et sociales



004.19

clics / mois.