Droit d’entrée
Universités : aux bons soins du marché
Claire Martin

Des menaces planent sur l’enseignement supérieur, déjà affaibli par un budget insuffisant. Le coût de la vie augmente pour les étudiants, et une nouvelle réforme remet en cause les principes essentiels du service public ainsi que les droits étudiants.

La rentrée universitaire 2003 s’annonce difficile. Tandis que les regards sont tournés vers le primaire et le secondaire à l’occasion du grand débat sur l’école lancé par le Premier ministre en septembre, l’étau se resserre sur le service public d’enseignement supérieur. Le budget qui lui est consacré reste nettement insuffisant, le coût de la vie étudiante augmente, et une réforme méconnue, qui balaye notre système diplômant dans la perspective d’une harmonisation européenne, s’étend à 10 nouvelles universités. Les principaux syndicats étudiants et enseignants dénoncent cette réforme avec virulence, notamment l’Union nationale des étudiants de France (Unef) et le Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup)-FSU, qui la considèrent comme une déréglementation des formations et des diplômes et une atteinte grave aux droits des étudiants.

Le gouvernement se félicite pourtant du budget 2004 de l’enseignement supérieur, après un budget 2003 calamiteux qui avait même entraîné la fermeture momentanée de deux universités à la rentrée dernière. Son augmentation devrait atteindre 3 % hors recherche (voir encadré), les crédits de fonctionnement et d’investissement en étant les principaux bénéficiaires avec une hausse de 10 %. Il n’y a pas de quoi pavoiser : l’État continue de sous-investir dans le supérieur comme il le fait depuis trente ans, et encore une fois, aucune création de poste d’enseignant n’est prévue.

Pour les étudiants, le coût de la vie flambe. Le gouvernement a revalorisé les bourses de 1,5 % seulement, taux inférieur à celui de l’inflation. Par crainte d’une fronde à la rentrée, les deux décrets réduisant les allocations logement dites APL et ALS, versées à quelque 190 000 personnes, la plupart étudiantes, ont certes été suspendus le 5 septembre (et non annulés), après une entrée en vigueur discrète le 1er juillet (1). Mais le ticket de restaurant universitaire a été majoré de 4 %, passant de 2,50 à 2,60 euros, « du jamais vu » selon Sud-Étudiant, et ce malgré l’avis négatif du Centre national des oeuvres universitaires et scolaires (Cnous). Contre l’avis du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser), les frais d’inscription ont également augmenté de 3 à 5 % selon les filières, de même que les cotisations à la Sécurité sociale étudiante. Parallèlement, l’un des « petits boulots » les plus intéressants pour les étudiants poursuivant des études longues, grâce à des horaires aménagés, un salaire correct et un contrat de 7 ans maximum, est condamné à disparaître : le gouvernement remplace le statut de maître d’internat et de surveillant d’externat (MI-SE) par celui d’assistant d’éducation (voir Politis n° 769). « On remarque que certaines académies ont du mal à recruter, pointe Denis Paget, secrétaire général du Snes-FSU. Les étudiants se détournent de ce nouveau statut, parce qu’il leur est difficile de poursuivre leurs études avec des charges horaires nettement supérieures à ceux des MI-SE et un salaire moindre, dans des établissements loin du campus. Sachant que s’ils signent pour les 3 ans renouvelables une fois, ils n’ont pas droit à la mutation. »

Ces grignotages donnent à penser, à l’instar de l’Unef, que l’État se désengage, d’autant plus que la teneur des réformes en cours et à venir est profondément libérale. Ce qui se profile n’est autre que le « démantèlement du service public d’enseignement supérieur », comme le souligne le Snesup-FSU, qui n’a pas pour habitude d’être alarmiste. Le projet de loi d’autonomie des universités, dit de « modernisation » par le gouvernement, a été reporté de mai dernier à cet automne, puis à juin 2004, date à laquelle il serait présenté au Parlement. Après un printemps mouvementé, on comprend que le gouvernement veuille une rentrée calme. Autant donc reporter ce projet d’un an, et le présenter, à nouveau, au moment des examens universitaires de fin d’année...

En attendant, la réforme en cours, appelée licence-master-doctorat (LMD), est tout autant à craindre.

Lire la suite dans Politis n° 770

(1) La baisse des allocations a été en moyenne de 500 euros pour les actifs de moins de 25 ans, et autour de 1 000 euros par an pour les étudiants vivant en couple.(1)


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